Bleuet Germain
Né le 31 juillet 1897 à Flers-sur-Noye (Somme), fusillé le 5 avril 1944 à Arras (Pas-de-Calais) ; cheminot SNCF ; résistant ZF et OCM.
Sous-chef de la gare principale d’Amiens (Somme), Germain Bleuet habitait boulevard Bauvillé à Amiens. Il était marié à Marguerite Beaussart et père de deux enfants.
Affilié au mouvement Libération en juin 1943, il collectait des renseignements sur les transports militaires et des informations sur la ville d’Amiens. Pour le mouvement, il assurait la liaison entre Paris et les différents agents des lignes Amiens, Le Tréport, Rouen et Boulogne-sur-Mer. Mais Bleuet était également agent du grand réseau belge de renseignements, Zéro-France. À ce titre, il collectait et transmettait des données importantes sur l’implantation des sites des tirs des armes secrètes d’Hitler, les célèbres V1 et V2 dont les constructions émergeaient en nombre depuis le printemps 1943 sur les côtes du Nord de la France.
Selon le témoignage de son collègue d’alors (M. Lemaire), Germain Bleuet fut interpellé le 8 mars 1944 en gare d’Amiens par le chef de gare allemand puis par deux agents de la Gestapo qui fouillèrent son bureau et se saisirent de deux enveloppes cachetées. L’une contenait le relevé des transports militaires passés à Longueau dans la semaine écoulée, l’autre des plans sur calque avec l’indication « Adam-Paris ». Germain Bleuet et l’un de ses collègues (qui fut ensuite relâché) furent longuement interrogés dans les bureaux de la Gestapo rue Jeanne-d’Arc à Amiens. Le domicile de Germain Bleuet fut ensuite perquisitionné et sa famille interrogée sur ses fréquentations. Selon la police française, la Gestapo accusait Germain Bleuet d’espionnage et son dossier s’intitulait « Affaire Dupont ». Ses collègues apprirent le 20 avril 1944, par un cheminot, sa détention à Arras.
Selon d’autres témoignages, Germain Bleuet appartenait à quatre réseaux de Résistance. Contrairement à certaines informations, il n’aurait pas directement participé à l’opération dite « Jéricho » du 18 février 1944 (bombardement de la prison d’Amiens) mais il aurait été arrêté dans le cadre de la recherche des évadés qui a suivi cette opération.
De la citadelle d’Amiens, il fut rapidement transféré à la prison Saint-Nicaise à Arras puis dans une cellule de l’Hôtel du Commerce à Arras, le siège de « l’ange gardien des V1 » ou Abwehr d’Arras. Les principaux responsables de l’OCM, dont Germain Bleuet, ont été confrontés tour à tour avec Roland Farjon. Celui-ci, responsable de l’OCM pour la Zone nord, avait été arrêté le 23 octobre 1943, en possession de la liste des membres de son organisation. Il leur conseilla, pour, dit-il, éviter la torture, de ne rien cacher puisque la police allemande était déjà informée.
C’est vraisemblablement le 5 avril 1944 que Germain Bleuet et onze autres résistants ont été condamnés à mort par le tribunal spécial du 65e corps d’allemand alors réuni à la caserne Schramm à Arras. Il fut aussitôt fusillé dans les fossés de la citadelle d’Arras. Les douze corps sans sépulture ont été retrouvés après la libération d’Arras, le 23 octobre 1944, à la suite de sondages, dans une fosse commune soigneusement dissimulée par les nazis. Ils n’ont été identifiés que par des détails de leur physique ou de leurs vêtements.
Le nom de Germain Bleuet a été donné à une rue d’Amiens et figure sur la plaque du monument aux morts de la gare d’Amiens.
SOURCES : https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article143142
Arch. Dép. Pas-de-Calais, M. 5022/1. – Fonds « Michel Rousseau » (La Coupole) – Dossier 21p426604 DAVCC, Caen. – J.-M. Fossier, Zone interdite, op. cit., p. 266. – Gilles Perrault, La longue Traque, Éd. J.-C. Lattès, Paris 1975, p 338. – Témoignages de M. Lemaire (sous-chef de gare à Amiens en 1944), de M. Claude Leleu de Cagny (80330) et de Mme Sylvie Decourcelle-Bleuet, petite fille de Germain Bleuet. – Mémorial des fusillés d’Arras. – Laurent Thiery, La répression allemande dans le Nord de la France (1940-1944), Lille, Presses du Septentrion, p. 239-257.